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Machine-outil : les constructeurs bouleversés par la pandémie et la guerre

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Renchérissement du coût de matières premières, pénurie de composants, recrutement difficile, changements d’organisations... L’épidémie de Covid a modifié de fond en comble les conditions auxquelles sont confrontées les entreprises et les constructeurs de machines-outils ne font pas exception. Et la guerre en cours vient compliquer encore la donne.

A l’instar de l’industrie automobile frappée de plein fouet par les pénuries et les impératifs écologiques, toutes les entreprises industrielles doivent désormais affronter de nouveaux défis. Ruptures d’approvisionnement en cascade et augmentation des coûts, ces dernières ont connu de vives tensions sur certains marchés, comme sur celui des semi-conducteurs. Jusqu’alors perçue comme un risque ponctuel et circonscrit, la rupture des approvisionnements stratégiques occupe à présent le devant de la scène. Réapparaît en même temps le concept de souveraineté économique, ce qui concerne en premier lieu la fabrication de machines-outils indispensables pour les industries stratégiques du pays, comme celle de la défense. Alors, les constructeurs doivent affronter de nombreux casse-têtes et trouver réponse à de nombreuses questions. Quelles mesures envisager ? Quel est l’impact sur la stratégie d’investissement des entreprises utilisatrices de ces équipements ? Comment le coût de fabrication des machines évoluera (en raison de l’augmentation des prix des composants et de celui de la matière première) ? Quels effets aura cette situation sur la mise en oeuvre du concept 4.0, de la numérisation et de la robotisation ? « Actuellement il y a de fortes tensions sur l’approvisionnement des matières premières (inox, alu et acier) qui s’ajoutent à celles des composants électroniques », explique Fabien Guillet, Pdg du groupe de sous-traitance industrielle éponyme. « Les risques seront surtout pour le SAV (service après-vente), car la France n’a pas une véritable politique préventive en matière d’approvisionnement. »

« La forte demande après l’arrêt de l’activité provoquée par la pandémie a créé des ruptures dans la supply-chain en général », constate Eric Teisseire, Président de Mazak France. « Ces tensions sont en train de se résoudre. Malheureusement, il n’y a pas de solution miracle et les délais de livraison de machines se sont sensiblement allongés. »

Même appreciation pour Gilles Caquot, Président de Trumpf SAS : « Tous les constructeurs de machines-outils sont impactés par ces tensions, surtout ceux qui comme nous fabriquent des équipements sophistiqués », considère le spécialiste. « Ces difficultés affectent particulièrement les constructeurs d’équipements neufs, mais aussi la disponibilité du parc machines installé car son entretien ne peut pas être réalisé correctement. »

Alors, que faire ? « Il faut surtout sécuriser les fournitures sensibles », conseille Gilles Caquot. Ainsi, le groupe Trumpf a investi plusieurs millions d’euros dans l’achat de microprocesseurs critiques.

Spécialisés dans la construction de machines personnalisées, certains constructeurs sont obligés d’anticiper pour parer à la pénurie de composants électroniques. C’est le cas de Realmeca, spécialiste français de solutions de micro-usinage sur mesure. « Les délais pour ces approvisionnements s’allongent mais cela concerne la plupart des fournisseurs et les clients en ont pris acte », explique Bruno Gailly, Président de Realmeca. « Quant aux matières premières, l’évolution à la hausse de prix risque de se répercuter sur celui de nos produits et prestations. Concernant nos activités d’intégration pour l’aéronautique de défense, nous avons été obligés de créer un certain stock de bruts d’aluminium dont certaines nuances commencent à coûter très cher et ne sont pas forcément disponibles. »

Pour Philippe Palefroy, directeur général d’Hestika France, « le principal risque réside dans l’allongement des délais de livraison des machines ». Résultat : aucun délai ferme ne peut être envisagé avec les clients. « Ce qui peut générer des pertes de production ou des manques à gagner. De plus, un problème supplémentaire vient s’ajouter : les livraisons par containers retardées. Surtout que le fret aérien ayant un coût exorbitant, cette solution ne peut plus être envisagée. » La parade à ces défis ? « Si les délais se rallongent, le prêt d’un équipement dans l’attente de la machine commandée, peut être assuré par Hestika France », répond Philippe Palefroy.

Pour Marc Troïa, directeur général d’Huron Graffenstaden SAS et Président du groupe Machine-outil d’Evolis-Symop, l’impact de la pandémie sur les délais de livraison est important : « On constate, en fonction de la nature de l’équipement, un allongement qui varie entre 10 et 15 semaines, voire de 20 à 50 semaines », indique le responsable. « Les machines qui sont dotées de commandes numériques sophistiquées peuvent connaître un retard plus important. L’Evolis-Symop peut intervenir sur les aspects juridiques des contrats et proposer aux fournisseurs de s’entraider. Mais en règle générale, les fournisseurs de machines-outils essayent de s’approvisionner sur le marché. Résultat : la concurrence pour s’assurer un stock de composants stratégiques est très vive. »

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L’envolée du prix des matières premières se répercute inévitablement sur le prix des machines. (Photo Inozemtsev Konstantin, Shutterstock)


Des plans d’investissement plus précoces

Évidemment, ces tensions influencent sensiblement la stratégie d’investissement des entreprises utilisatrices de machines-outils.

Pour Fabien Guillet, « il y a le risque d’un gel des investissements du aux hausses de prix et aux délais de livraisons souvent supérieurs à douze mois alors qu’il y a encore deux ans le délais était de 3 à 6 mois. »

« Les clients qui ont une certaine visibilité, essaient de planifier et d’anticiper leur investissement en tenant compte des délais allongés », précise Eric Teisseire. Chez Hestika France on adapte la commercialisation de machines. « Tant les entreprises utilisatrices qu’Hestika sont obligées d’avoir un plan d’investissement en amont du projet (de l’ordre de 6 à 8 mois) », confirme Philippe Palefroy. Une évolution constatée également par Gilles Caquot. « Les pénuries risquent d’allonger de plusieurs mois les délais de livraison des solutions, mais nous pensons que la situation se normalisera fin 2022 », estime le responsable de Trumpf SAS.

Des prix à la hausse

Ces changements influencent bien sûr, les coûts des solutions d’usinage.

« Il va y avoir une flambée régulière des prix, pour atteindre jusqu’à + 25% de hausse », pense Fabien Guillet.

Chez Mazak France, l’augmentation des coûts des matières premières sont suivis et répercutés sur les prix des machines. « Personnellement, je ne pense pas que ces augmentations soient durables », considère Eric Teisseire, Président de Mazak France. « Une régulation devrait s’opérer vers la fin de cette année. »

Chez Trumpf SAS, les prix augmenteront sans doute car ses fournisseurs achètent les matières premières plus cher. Exemple : l’acier qui représente 90% du poids de machines livrées par le groupe allemand. « Cela affecte aussi sensiblement l’évolution des salaires, car un tiers de nos équipes sont itinérantes », explique Gilles Caquot. « Sans parler de l’augmentation considérable du coût de l’essence et des conséquences de l’épidémie de Covid sur la vie de ces spécialistes du terrain, car elle a considérablement compliqué leur vie. Il est donc de plus en plus difficile de trouver des techniciens qui acceptent de se déplacer en permanence. »

Le groupe Citizen n’a pas annoncé, à ce jour, d’augmentation mais cela semble inévitable. « Le coût des machines augmentera forcément », indique Philippe Palefroy, directeur général d’Hestika France qui distribue les machines du constructeur japonais dans l’Hexagone. « En effet, le prix de vente des machines suit nécessairement l’augmentation du prix des composants et des matières premières. »

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Les commandes numériques, composants essentiels des machines modernes, connaissent des difficultés d’approvisionnement (Photo Fanuc)


Des solutions toujours plus innovantes

Cette évolution retardera-t-elle les projets 4.0, la machine-outil étant un des leurs principaux piliers ? « L’avenir reste à découvrir avec toutes ses incertitudes », pense Eric Teisseire. « Mais l’adaptabilité restera la force de notre évolution et la robotisation, la numérisation et d’une manière générale le concept 4.0, apportent cette souplesse d’adaptation dans un monde en constant changement. » Néanmoins, ces problèmes d’approvisionnement en composants stratégiques risquent d’influencer les projets 4.0. « Ce concept nécessite des équipements qui font l’objet de pénuries », explique Philippe Palefroy. « Alors, la stratégie de robotisation des usines risque d’être revue à plus long terme. »

En dépit de ces problèmes, les projets d’automatismes et de numérisation continueront à avoir le vent en poupe. « Au bout d’un certain temps, ils seront favorisés par le désir des entreprises de rester compétitives, d’être toujours plus efficaces », affirme Gilles Caquot, Président de Trumpf SAS. « Elles devront donc redoubler leur créativité et seules les solutions connectées et automatisées pourront répondre à ces impératifs. »

Pour Stéphane Crepet, directeur général de Productys et Président du Comité Digital d’Evolis-Symop, « l’influence de ces aléas d’approvisionnement sur les projets de numérisation des entreprises depend de la nature du matériel. L’approvisionnement en PC ou tablette est moins concerné par ces retards que celui des dispositifs sensibles, comme les capteurs, les automates industriels ou les boîtiers d’E/S », analyse le spécialiste. « Ces derniers sont en général moins stockés et les utilisateurs ont peu de reserves. Le volet « acquisition de données » de projets peut donc connaître certains retards. » La solution ? « A plus long terme, il faudra trouver de nouvelles démarches pour contourner les difficultés », conseillent Marc Troïa et Stéphane Crepet. « On peut par exemple, retrofiter les machines », explique le premier, tandis que le second pense que « la remise au goût du jour des systèmes anciens d’informatique industrielle est une démarche intéressante. Tout comme la mise en place de nouvelles filières industrielles et utilisation des moyens de production dotés de nouvelles technologies. » Original, le MES (manufacturing execution system) que propose Productys associe par exemple, la supervision en temps réel avec l’historique de production. Full web et mobile, il est capable d’être déployée en mode local (y compris en Saas) et/ou cloud. Économique, cette solution est implantée rapidement et dispose des capacités de personnalisation et d’intégration des solutions décisionnelles (tableaux de bord personnalisables, édition autonome de rapports) ainsi que de la sécurisation des serveurs critiques. « L’intégration de technologies d’intelligence artificielle, qui est en marche, permettra d’allouer moins de ressources pour contrôler toujours plus d’équipements... », conclut Stéphane Crepet.

Comment sécuriser les approvisionnements stratégiques ?

Avant tout cela suppose de s’attaquer à une question centrale : qu’est-ce qui est stratégique et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Or, cette question est loin d’être tranchée. Cette réflexion est le fruit d’un mémoire réalisé par Léa Boudinet et Nour Khater, deux ingénieures-élèves du Corps des mines. S’appuyant sur neuf mois d’enquête et une centaine d’entretiens, leur ouvrage analyse les difficultés d’une telle stratégie et fournit des clés pour les lever. Il propose notamment une méthode d’analyse des vulnérabilités des approvisionnements, ouvrant la voie à une coopération renforcée entre l’État et les entreprises. En plus d’éclairer les citoyens sur la question essentielle de la souveraineté économique, cet ouvrage offre des pistes de réflexion et d’action d’une grande utilité pour les décideurs publics et les chefs d’entreprise.

Mirel SCHERER
Mirel SCHERER
Depuis plus de trente ans, à l’affut de nouvelles solutions pour vous permettre d’améliorer vos technologies de production.

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